par Richard JUNGAS

Aujourd’hui considéré comme l’une, si ce n’est la machine à scorer la plus inarrêtable et complète de l’histoire de la NBA, Kevin Durant compte déjà un palmarès faisant de lui bien plus qu’un scoreur de talent, mais tout simplement l’un des meilleurs joueurs de basketball de l’histoire, alors même qu’à 33 ans il peut encore écrire de belles pages. Retour, en deux épisodes (car il y en a des choses à dire sur lui), sur la carrière d’un joueur et d’un personnage pas comme les autres ; adoré ou détesté, celui que l’on surnomme « KD » ne laisse personne indifférent et force est de constater que son talent et son élégance sur un terrain de basket sont indéniables.


 

"Le père fondateur de cette franchise"

 

Je vous avais donc laissé à l’été 2016. KD est alors agent-libre et les rumeurs sur son désir de quitter la franchise qui l’a drafté 9 ans plus tôt sont insistantes après la désillusion de la finale de conférence perdue face aux Warriors alors que le Thunder de Westbrook et Durant menait 3-1. Finalement, ce sera à travers une lettre publiée par le site The Player’s Tribune que l’ailier officialisera sa décision en expliquant les raisons et en faisant ses adieux à l’Oklahoma et à ses fans. Il explique avoir fait le choix de rejoindre les Golden State Warriors pour son évolution, tant en tant que joueur qu’en tant qu’homme, en sortant de sa « zone de confort ». Le désormais joueur des Warriors envoie un message fort à la ville pour laquelle il a joué depuis son arrivée en NBA : « Je suis de Washington, mais c’est Oklahoma City qui m’a élevé ». Les réactions ne se font pas attendre et de nombreux joueurs et médias exprimeront leur étonnement, voire leur déception, de voir KD rejoindre l’équipe qui vient de l’éliminer pour former une « superteam ». Il va être vu comme un « lâche » et un « traître » après ce choix, certains supporters allant jusqu’à brûler des maillots du Thunder arborant son numéro 35. Il est alors devenu « le méchant » qui a abandonné OKC et choisit la facilité en rejoignant la « superteam » d’Oakland qui venait de s’incliner de peu en finale face aux Cavaliers de LeBron James et de réaliser la meilleure saison régulière de l’histoire en termes de bilan avec 73 victoires pour 9 défaites, faisant mieux que les Chicago Bulls de Sa Majesté en 1995-1996 (72-10). Cette décision va être un tournant dans l’image de Kevin Durant, de plus en plus considéré comme un joueur au talent génial mais à la personnalité souvent critiquée pour ses prises de parole ou ses décisions. En peu de temps, KD aura vu son image passer de celle d’un « nice guy » à celle du « vilain ». Ce qui n’est pas dit mais qui sera révélé plus tard, c’est que la superstar avait pris la décision de quitter le Thunder dès le début de la saison 2015-2016, la défaite en finale de conférence ne fit que le conforter là-dedans. En rejoignant les Warriors et le double MVP en titre Stephen Curry, les deux derniers joueurs à avoir remporté le trophée de MVP de la saison régulière se retrouvent donc sous le même maillot, rebattant ainsi totalement les cartes au sein d’une Conférence Ouest déjà dominée par Golden State depuis deux saisons et délaissant donc un Thunder qui aura bien du mal à se montrer compétitif sans KD, malgré un Russell Westbrook au four et au moulin. Pour certains, la signature de l’ancienne superstar d’OKC dans la franchise californienne (54 millions sur deux ans avec la deuxième année en « player option ») est le signe d’une nouvelle ère, qui a commencé avec le départ de LeBron James à Miami à l’été 2010, où quelques-uns des meilleurs joueurs de la planète se rejoignent dans une équipe pour augmenter considérablement leurs chances de remporter un titre. Toutefois, contrairement au General Manager du « King » lors de son départ de Cleveland, Sam Presti le GM d’OKC souhaite le meilleur à son ancien joueur et le remercie d’avoir été le « père fondateur de cette franchise ».



A son arrivée aux Warriors, KD retrouve Ron Adams, ancien assistant du Thunder entre 2008 et 2010, avec lequel il va travailler sur sa défense jugée encore trop limitée. Pour l’assistant, le potentiel défensif de l’ailier est réel mais il doit se montrer plus régulier, et c’est ce dont Golden State aura besoin pour palier les départs des pivots défensifs Andrew Bogut et Festus Ezeli, lâchés afin d’accueillir le salaire de « Durantula ». Ce dernier va parfaitement s’acclimater au jeu de sa nouvelle équipe et va prendre part à ce qui est l’un des plus incroyables shows collectifs de l’histoire de la NBA. Au sein d’une équipe dont la base est son jeu collectif et en mouvement, Durant va se révéler encore plus efficace qu’il ne l’était au Thunder en ayant moins besoin de créer son propre tir et en profitant des décalages et espaces provoqués par la présence de deux des meilleurs shooteurs de l’histoire, Stephen Curry et Klay Thompson, et d’un créateur comme Draymond Green. Le profil de l’ancien MVP permet également à la panoplie offensive des Warriors de s’élargir. Jusqu’ici le coach Steve Kerr favorisait le mouvement de balle pour créer des décalages, mais les mensurations et le shoot de son nouvel ailier lui permet d’ajouter une dose de « pick and roll » qui devient alors quasiment inarrêtable lorsqu’il est joué entre Curry et Durant. Les défenseurs adverses ne peuvent pas se permettre de laisser de l’espace au shooteur qu’est Curry, mais KD met ses adversaires en situation de mismatch quasiment continu entre son shoot, son dribble et sa taille. Ainsi, l’équipe adverse doit choisir entre le meneur et l’ailier, et l’autre se fera alors un plaisir de sanctionner ses adversaires, si ce n’est pas Klay qui le fera à 3-points en profitant des espaces créés par ses deux coéquipiers pour se libérer derrière la ligne. De plus, avec le travail réalisé en compagnie de Ron Adams, Durant va s’imposer comme l’un des meilleurs remparts défensifs de la ligue lors de sa première saison aux Warriors. Alors même que son arrivée et le départ d’Andrew Bogut avaient fait craindre une efficacité défensive en nette diminution, les Warriors continuent de figurer parmi les toutes meilleures défenses de la NBA, et ce grâce notamment à la présence dans la raquette de l’albatros Durant qui avec ses longs segments (2.26 m d’envergure) repousse 1.6 tirs par matchs. En plus de sa présence dans la raquette, KD, au contact de joueurs intelligents défensivement comme Draymond Green, Andre Iguodala ou Klay Thompson, progresse dans les autres secteurs défensifs et notamment en défense sur l’homme, profitant d’une mobilité rare pour un joueur de sa taille.

« Kevin est l’un des meilleurs joueurs contre qui j’ai joué dans ma carrière, et l’un des meilleurs que la NBA ait jamais vu »

 

Très vite les Warriors deviennent tout simplement trop forts pour leurs adversaires, tant offensivement que défensivement, et enchainent les victoires. Au-delà des résultats, l’ajout de KD à l’effectif déjà bien rodé et plein de talent que constitue Golden State a parfois amené cette équipe à jouer un jeu proche de la perfection. En dépit de ces résultats collectifs, Golden State doit faire face à des blessures de certains de ses joueurs majeurs, dont celle de KD au genou gauche fin février suite à un contact avec son coéquipier Zaza Pachulia. Devenu essentiel dans le collectif léché des Warriors, son absence fragilise l’ensemble, tant offensivement que défensivement. Après quelques matchs compliqués, Golden State se remet en route et termine la saison avec le meilleur bilan de la ligue (67-12). KD, qui clôture sa première saison dans la Baie de San Francisco avec 25 points (à 54% aux shoots dont 38% à 3-points), 8 rebonds et 5 passes, revient sur les parquets à temps pour la postseason et des Warriors trop forts vont se balader jusqu’en finales en balayant les Blazers, le Jazz puis les Spurs, pour retrouver les Cavaliers. Alors que beaucoup s’interrogeaient sur la capacité de l’ancien « franchise player » du Thunder à répondre à la pression alors qu’il n’avait plus participé aux Finales depuis 2015, il prend les choses en main, bien épaulé par un Stephen Curry revanchard (28 points, 6 rebonds et 10 passes) et mène les Warriors à la victoire au terme d’un Game 1 maitrisé de bout en bout (113-91) derrière ses 38 points, 8 rebonds et 8 passes. Si dans le Game 2 c’est surtout la performance de Stephen Curry qu’on retient (triple-double en 32-10-11), KD aura été omniprésent avec 33 points, 13 rebonds et 6 passes, mais également 5 contres et 3 interceptions, signes de son activité monstre en défense. Légèrement plus discret dans le Game 3 (31 points, 8 rebonds et 4 passes tout de même !), l’ailier plante surtout un pull-up jumper en transition à 3-points sur la tête de LeBron James à quelques secondes de la fin du match pour sceller l’issu de la rencontre. Il faudra des Cavaliers records (49 points dans le premier quart, 86 à la mi-temps) pour infliger leur première défaite des Playoffs à des Warriors sur un nuage jusqu’ici. Le Game 5, serré jusque dans les dernières minutes tourne une nouvelle fois à l’avantage des Californiens qui remportent un deuxième titre en trois ans grâce notamment à l’efficacité de leur ailier (39 points à 14 sur 20 aux tirs). Au coup de sifflet final, pendant quelques secondes Kevin Durant reste seul au milieu du parquet et savoure ce qu’il vient de réaliser, puis le « King » en personne vient l’enlacer et le féliciter d’être finalement parvenu à réaliser son rêve. Ce rêve que gamin il avait partagé à sa mère, Wanda, celle qu’il surnomme « The Real MVP » et qui viendra ensuite, en larmes, partager ce moment avec son fils. Après avoir connu une montée en puissance exceptionnelle au Thunder, puis s’être confronté à un certain plafond, KD a franchi un cap avec les Warriors et est à présent sur le toit du monde. On peut critiquer sa décision d’avoir choisi la « facilité » en signant à Golden State, mais il est allé chercher ce titre, son premier, à la sueur de son front. Meilleur joueur des Warriors, voire de la série, il est élu MVP des Finales, des finales qu’il termine avec 35.2 points, 8.4 rebonds et 5.4 passes de moyenne sur les cinq matchs, à 55.6% de réussite générale et 47.4% de loin. Même au niveau le plus dur qui soit, il est tout simplement trop fort, inarrêtable, injouable, et les Warriors semblent partis pour régner pendant un moment sur la ligue.



La saison suivante, l’intégration de KD dans le collectif de Steve Kerr franchit un cap et Curry et lui sont encore plus forts. Ils évoluent tous les deux à un niveau de MVP. Toutefois, Golden State est moins impérial que les saisons précédentes (58 victoires pour 24 défaites quand même), notamment avec une fin de régulière entachée par des blessures et une Conférence Ouest où la concurrence s’est renforcée avec la formation de plusieurs duos, voire trios de stars (Chris Paul rejoint James Harden aux Rockets et Paul George rejoint Russell Westbrook au Thunder notamment). La franchise californienne laisse les Houston Rockets d’un James Harden MVP et de Chris Paul, auteurs d’une fantastique saison régulière (65-17), leur chiper la première place de la Conférence Ouest. Comme l’avait annoncé la saison régulière, les Rockets et les Warriors, les deux meilleures équipes sur cette saison, se retrouvent en finales de conférence après s’être débarrassé sans trop de peine de leurs adversaires des deux premiers tours (Golden State a éliminé les Spurs puis les Pelicans, à chaque fois 4-1). Durant et consorts s’extirpent finalement du piège Rockets en 7 matchs, grâce notamment à l’absence de Chris Paul lors des deux derniers matchs de la série alors que Houston menait 3-2 et n’était plus qu’à une victoire des Finales. Cette fin de série a vu James Harden se révéler incapable de remplacer le leadership et la maîtrise du meneur blessé. Tout proches de l’élimination, les Warriors s’en sont finalement sortis et ils ne laisseront plus le doute s’instiller sur la route du titre, ne faisant qu’une bouchée des Cavaliers d’un LeBron James trop fort mais trop esseulé (4-0). Les Warriors réalisent le « back-to-back » et KD est à nouveau MVP des Finales avec des moyennes de 28.8 points (53% de réussite dont 41% de loin), 10.8 rebonds, 7.5 passes et 2.3 contres par rencontre avec notamment ce Game 3 décisif et son shoot assassin, ainsi qu’un triple-double lors du Game 4 clôturant la série. Si Curry reste la patron des Warriors, KD en est le meilleur joueur, comme le prouvent ses deux trophées de Finals MVP remportés devant Steph, se révélant aussi précieux et « valuable » mais moins régulier que l’ailier. Ce dernier est sans doute à son sommet, il éblouit sans jamais donner l’impression de forcer et même LeBron est obligé de reconnaître le talent exceptionnel du numéro 35 des Warriors : « Kevin est l’un des meilleurs joueurs contre qui j’ai joué dans ma carrière, et l’un des meilleurs que la NBA ait jamais vu ».

 

« C’est l’une des plus grandes performances que j’ai vu de ma vie »

 

Doubles champions en titre, les Warriors ne veulent pas s’arrêter là et se renforcent lors de la « free agency » avec l’arrivée de DeMarcus Cousins pour un an. Bien que ce dernier soit en convalescence suite à une rupture du tendon d’Achille en janvier 2018 qui l’écartera des terrains pendant plus d’un an, la franchise californienne est plus que jamais l’équipe à abattre. Comme le dit l’adage, « le plus dur, c’est pas d’arriver au sommet, c’est d’y être », et les Warriors ont de plus en plus de mal à y rester. Comme la saison précédente, ils ne finissent pas la saison régulière avec le meilleur bilan de la ligue, Milwaukee et Toronto faisant mieux que les 57 victoires et 25 défaites de l’équipe de Steve Kerr. S’ils sont toujours capables d’être absolument injouables dès qu’ils le décident, des blessures et une certaine forme de lassitude et d’épuisement psychologique les rend moins constants qu’ils n’ont pu l’être. Golden State semble de moins en moins invincible. Cette quête de « Threepeat » exténue les Warriors qui n’ont qu’une envie, venir à bout de la régulière au plus vite pour enfin passer aux choses sérieuses. KD quant à lui ce sera montré impeccable de régularité lors de cette saison 2018-2019 en affichant une nouvelle fois des statistiques exceptionnelles ; 26 points, 6.5 rebonds et 5.9 passes en ne ratant que 3 matchs de saison régulière. Il aura au passage raflé son deuxième trophée de MVP du All-Star Game avec 31 points à 10 sur 15 aux tirs, dont 6 sur 9 à 3-points, plus 7 rebonds, 2 passes et 2 contres.



Lors de la série au premier tour contre les Clippers, Durant monte doucement en régime et est absolument bouillant lors des Game 5 et 6 qui clôturent la série avec 45 puis 50 sur la tête de Clippers impuissants. Son Game 6 est un véritable chef-d’œuvre avec 38 points rien que dans la première mi-temps (deuxième meilleure performance de l’histoire dans une première mi-temps de Playoffs. Même son coach Steve Kerr, qui a pourtant vécu de grandes soirées aux côtés de Michael Jordan aux Bulls, est bluffé par le niveau affiché par son joueur : « C’est l’une des plus grandes performances que j’ai vu de ma vie ». KD a fait là étalage de toute sa panoplie offensive faisant de lui un scoreur inarrêtable. Quand les Clippers ont essayé de défendre haut il les a punis en pénétrant et en jouant dans leur dos, puis quand ils ont défendu bas il les a cette fois punis en shootant derrière la ligne, finissant la soirée à 15/26 aux tirs. En dépit de sa blessure au mollet au cours de la série contre les Rockets, et de l’absence de DeMarcus Cousins, les Warriors se défont de Houston (4-2) puis de Portland (4-0) pour atteindre leur cinquième finale d’affilée, une première depuis les Boston Celtics des 1960’s. Cette fois, pas de LeBron James, pas de Cleveland Cavaliers face à eux, mais les Toronto Raptors d’un Kawhi Leonard en mission. Toujours sans KD mais avec le retour de Cousins, la série démarre par une victoire de chaque côté. Le Game 3 tourne à l’avantage de Raptors affichant une solidité rare face à des Warriors privés de Klay Thompson pour ce match mais dans l’espoir d’un retour de KD prochainement. Son absence fait très mal à la franchise californienne qui ne peut que difficilement lutter contre des Raptors plus complets et plus équilibrés, et leurs permettant de se concentrer sur les « Splash Brothers », limitant ainsi leur rendement. Steph Curry et consorts laissent Toronto remporter un Game 4 capital. Au pied du mur, les Warriors veulent croire en leur bonne étoile et en leur capacité à réaliser un exploit qu’ils ont subis 3 ans auparavant ; revenir de 3-1. Attendu depuis plusieurs semaines comme le sauveur, KD revient pour le Game 5 de finales bien mal engagées pour son équipe. Absent depuis un mois, son retour n’aura finalement duré que 12 (exceptionnelles) minutes qui auront fait espérer aux Warriors et à leurs fans un retournement de situation. Mais finalement le sort s’acharne sur la franchise d’Oakland quand KD, sur une isolation anodine face à Serge Ibaka, s’arrête net après un démarrage sur sa droite, boitille, puis finit par s’asseoir sur le parquet en se tenant le talon, laissant craindre une rupture du tendon d’Achille. Dépités, ses coéquipiers le savent, même si la blessure n’est pas aussi grave il ne pourra pas tenir sa place et ratera la fin de ces Finales NBA. Il vient peut-être là de jouer son dernier match sous le maillot des Warriors alors que des rumeurs l’envoient tantôt vers New York, tantôt vers les Clippers. Malgré la victoire à l’arrachée de Golden State, les regards sont vides après le match. La nouvelle vient de tomber, le tendon d’Achille est touché. Finalement, quelques jours plus tard l’IRM passée confirme une rupture. La durée d’indisponibilité du double MVP des Finales est alors encore inconnue mais l’hypothèse d’une saison blanche est largement présente parmi les observateurs. La malchance continue de s’abattre sur des Warriors à bout de souffle quand Klay Thompson, alors en feu avec 30 points à son compteur, retombe lourdement sur son genou gauche dans la fin du troisième quart-temps du Game 6. Il reviendra convertir ses deux lancers-francs mais les têtes sont baissées et les mines sont graves, ses coéquipiers savent que lui non plus ne reviendra pas dans ces finales. La perte coup sur coup des deux All-Stars est de trop pour l’équipe de Steve Kerr. Trop décimés, ils laissent les Toronto Raptors ramener le premier titre de l’histoire de la franchise canadienne (4-2).



Malgré sa blessure, les rumeurs de départ ne diminuent pas et laissent et présager que KD va renoncer à sa « player option » pour se retrouver agent-libre et avoir la possibilité de signer où il le désire. Finalement, alors que les fans des Knicks l’attendaient comme le joueur qui viendrait enfin ramener la franchise new-yorkaise dans les hauteurs de la NBA, c’est bien à New York mais à Brooklyn que l’ailier se dirige en signant un contrat de 4 ans pour 164 millions de dollars. Le deal se fait à travers un « sign-and-trade », envoyant notamment le meneur All-Star D’Angelo Russell aux Warriors, afin de ne pas les laisser sans contrepartie. Ces derniers vont par ailleurs retirer le numéro 35 de KD, que ce dernier ne portera pas non plus aux Nets puisqu’il change de numéro en forme de symbole d’un nouveau chapitre dans sa carrière de joueur et annonce qu’il arborera le numéro 7. Comme redouté, Kevin Durant ne jouera pas de toute la saison 2019-2020, afin de ne prendre aucun risque, et cette dernière servira alors d’ « échauffement » aux Nets avant de retrouver l’ailier et d’alors compter parmi les favoris au titre. Au terme d’une saison un peu décevante (35 victoires pour 37 défaites) qui aura vu le coach Kenny Atkinson, pilier de la reconstruction entamée par Brooklyn au cours des dernières saisons, se faire limoger et les Nets s’incliner sans appel dès le premier tour face aux Raptors champions en titre (4-0), la hype autour de l’équipe est plus forte que jamais. En dépit d’une saison mitigée en raison notamment des blessures qui auront limité la présence de Kyrie sur les terrains, les jeunes comme Spencer Dinwiddie et Caris LeVert ont affiché des progrès intéressants. Les dirigeants des Nets, sans doute sous l’impulsion de KD et Kyrie, ont réalisé un véritable tournant en se débarrassant de Kenny Atkinson, avant de le remplacer par l’ancien double MVP, mais novice en tant qu’entraîneur, Steve Nash. Ce dernier, ancien consultant au sein du staff des Warriors retrouve donc Durant avec lequel il a noué une forte relation à la fois professionnelle et amicale entre 2016 et 2019.

Durant retrouve la compétition le 22 décembre 2020 face à son ancienne équipe des Warriors. Il revient après 562 jours d’absence et c’est comme s’il n’était jamais parti. Il affiche un niveau similaire à celui qui était le sien avant sa blessure et semble ne ressentir aucune gêne alors que peu de joueurs ont retrouvé leur meilleur niveau après une telle blessure, à l’image d’un Kobe qui ne reviendra jamais au top même s’il faut reconnaître qu’il était légèrement plus âgé que KD. Ce dernier, pour son retour, participe à la large victoire des Nets sur ses anciens coéquipiers en scorant 22 points (à 7/16 aux tirs dont 1/2 à 3-points et 7/7 aux lancers), 5 rebonds, 3 passes, 3 interceptions et 1 contre en 25 minutes. Avec un KD qui monte doucement en puissance et l’arrivée de James Harden à la mi-janvier, les Nets figurent de plus en plus parmi les prétendants au titre et terminent la saison à la deuxième place de la Conférence Est. KD aura réalisé une saison de niveau MVP alors qu’il sort tout juste d’une année sans jouer (26.9 points à 58% aux tirs dont 37% à 3-points et 90% aux lancers, 7.1 rebonds, 5.6 passes et 1.3 contres de moyenne en 33 minutes par matchs). Les Nets l’emportent assez facilement sur les Celtics au premier tour (4-1) avant de se frotter aux Milwaukee Bucks pour une opposition mémorable. Alors à 2-2, Kevin Durant, esseulé car Irving est à l’infirmerie et Harden joue blessé, se démultiplie dans le Game 5 et réalise une prestation historique avec 49 points, 17 rebonds et 10 passes à 70% aux tirs en 48 minutes pour offrir la victoire à son équipe. KD devient le premier joueur de l’histoire à poser un 45-15-10 en postseason et réalise l’une des plus grandes performances de l’histoire des Playoffs. Après un Game 6 remporté par les Bucks, le dernier match de la série sera tout simplement un match d’anthologie au cours duquel Giannis (40 points, 13 rebonds, 5 passes) et KD (48 points, 9 rebonds, 6 passes) nous offrent un duel absolument fabuleux et au scénario dramatique. A quelques secondes de la fin du temps réglementaire, Milwaukee mène de deux points et ce sont les Nets qui ont la dernière possession pour tenter d’arracher la prolongation ou d’éliminer les Bucks. La balle revient évidemment à Durant qui shoote en déséquilibre derrière la ligne à 3-points face à P.J. Tucker … et ça rentre ! Ses coéquipiers lui sautent dessus mais les ralentis montrent que le pied de l’ailier se trouvait sur la ligne, transformant donc le 3-point de la victoire en 2-point pour la prolongation. Exténué, KD ne peut porter les siens à la victoire et laisse les Bucks, futurs champions, rejoindre les Hawks en finales de conférence.



Malgré cette déception, la saison se sera révélée rassurante pour l’état physique de la superstar des Nets, qui décidera même de répondre à l’appel de Team USA pour participer aux Jeux Olympiques de Tokyo. Ces JO commencent mal pour les USA avec une défaite lors du premier match l’opposant à l’équipe de France, ce qui est par ailleurs la première défaite de KD sous le maillot américain. L’ailier monte alors doucement en régime pour permettre aux Américains de passer les tours un par un et de retrouver les Bleus en finale. A quelques heures de la finale, il signe une prolongation de contrat avec les Nets, renonçant à sa « player option » prévue à la fin de la saison 2022-2023, il prolonge pour 4 ans à hauteur de 198 millions de dollars, le liant ainsi à la franchise new-yorkaise jusqu’en 2026. Quelques heures plus tard, il score 29 points, dont les deux lancers-francs qui scellent le sort du match, pour permettre aux Etats-Unis de remporter une nouvelle médaille d’or, la quatrième de suite. Il termine une nouvelle fois meilleur scoreur de Team USA avec 20.7 points par matchs, réalisant au passage la meilleure moyenne de points d’un joueur américain lors d’une édition des Jeux Olympiques. Il devient également le premier joueur de basketball à scorer plus de 100 points sur 3 éditions depuis la création des JO (156 en 2012 ; 155 en 2016 ; 124 en 2021). Depuis ces Jeux Olympiques, Durant peut être considéré comme le meilleur joueur de l’histoire de Team USA, ou au moins sur un plan statistique puisqu’il détient de nombreux records. Ainsi, il est le meilleur scoreur de l’histoire de la sélection américaine aux JO (383 points après l’édition 2021), ainsi que le meilleur scoreur de l’histoire de Team USA en compétitions internationales (avec 640 points, loin devant les 336 de Carmelo Anthony), mais également le seul basketteur américain à avoir remporté 4 compétitions internationales majeures, dont 3 médailles d’or olympiques. De ces records transparaissent son talent mais aussi sa fidélité à la sélection américaine.

Au terme d’un été couronné de succès « Easy Money Sniper » est reparti pour une nouvelle saison avec les Brooklyn Nets avec une nouvelle fois des statistiques de niveau MVP, scorant quasiment 30 points par matchs, malgré des blessures qui lui font manquer une partie de la saison et pénalisent son équipe. A l’heure actuelle, KD vient de revenir quelques jours après le All-Star Game 2022 et récupère une équipe en difficulté, orpheline d’un James Harden qui a demandé son transfert à Philadelphie et avec un Kyrie Irving à mi-temps car non vacciné, et dont les résultats ne sont pas du tout aux attentes. A 33 ans, Durant, qui vient de franchir le palier des 25 000 points en carrière, a l’occasion de nous montrer une nouvelle fois le joueur fantastique qu’il est, l’un des meilleurs à avoir foulé les parquets, avant de peut-être devenir propriétaire d’une franchise NBA. Et pourquoi pas à Seattle, là où tout a commencé ?

 

Palmarès (arrêté au 13 mars 2022) :

Palmarès en club 

  • 1 fois McDonald’s All American : 2006
  • 1 fois Naismith College Player of the Year : 2007
  • 1 fois NCAA All-America First Team : 2007
  • 1 fois Rookie of The Year : 2008
  • 1 fois All-Rookie First Team : 2008
  • 1 fois MVP du Rookie Challenge : 2009
  • 12 fois All-Star : 2010, 2011, 2012, 2013, 2014, 2015, 2016, 2017, 2018, 2019, 2021 et 2022
  • 4 fois meilleur scoreur de la saison : 2010, 2011, 2012 et 2014
  • 6 fois All-NBA First Team : 2010, 2011, 2012, 2013, 2014 et 2018
  • 3 fois All-NBA Second Team : 2016, 2017 et 2019
  • 2 fois MVP du All-Star Game : 2012, et 2019
  • 1 fois membre du club des 50-40-90 : 2013
  • 1 fois MVP de la saison régulière : 2014
  • 2 fois Champion NBA : 2017 et 2018
  • 2 fois MVP des NBA Finales : 2017 et 2018
  • Maillot retiré par les Golden State Warriors (n°35)
  • Sélectionné parmi les 75 meilleurs joueurs de l’histoire de la NBA à l’occasion des 75 ans de la NBA en 2022

Statistiques en NBA : 27.1 points (à 49.6% aux tirs, dont 38.4 à 3-points et 88.3% aux lancers-francs), 7.1 rebonds, 4.2 passes, 1.1 interceptions et 1.1 contres de moyenne en 36.7 minutes par matchs.

Palmarès en équipe nationale des Etats-Unis

  • 1 fois médaille d’or au Championnat du monde : 2010
  • 1 fois MVP du Championnat du monde : 2010
  • 1 fois élu dans le meilleur cinq du Championnat du monde : 2010
  • 3 fois médaille d’or aux Jeux Olympiques : 2012, 2016 et 2021
  • 3 fois élu dans le meilleur cinq des Jeux Olympiques : 2012, 2016 et 2021
  • 1 fois MVP des Jeux Olympiques* : 2021

Statistiques avec Team USA : 20.6 points (à 53.8% aux tirs, dont 48.8% à 3 points et 87.7% aux lancers-francs), 5.6 rebonds, 2.8 passes, 1.3 interceptions, 0.7 contres de moyenne.

 

*Aucun trophée de MVP du tournoi n’a été remis lors des éditions 2012 et 2016 des Jeux Olympiques.