par Nicolas PREL
Si des franchises NBA brillent de nos jours chaque saison, il ne faut pas oublier les autres. Celle dont les saisons se suivent et se ressemblent tristement. Dans ces moments difficiles, les fans peuvent alors se réfugier dans l’histoire et se remémorer ainsi les heures de gloire, comme les Detroit Pistons.
Pour les remettre dans l’actualité et aussi pour compléter notre culture basket on a décidé de redorer leur blason !
Après l’excellent travail fait sur le logo de « feu » les Supersonics, on continue la série avec les Detroit Pistons, franchise pionnière en NBA à plus d’un titre.
1941-1947 - La création
Crée de toutes pièces ... par Fred Zollner, la Franchise était basée initialement à Fort Wayne, dans l’Indiana.
Cet industriel est alors le patron d’une usine fabriquant des pistons (ah!) pour General Motors. En 1939 il décide d’y ajouter un peu de Basket pour accroître sa visibilité et fonde l’équipe des Fort Wayne Zollner Pistons. Le nom de cette franchise était donc tout trouvé.
Avec les techniques de l’époque, on imagine que l’équipe technique dédiée au logo a du bien bosser pour obtenir ce premier logo. Les standards visaient plus à la personnification du logo, et la mise en avant de l’activité, qu’au rendu minimaliste.
C’est donc avec un premier logo noir et blanc, tout en dessin, que la franchise débute son identité visuelle. Il s’agit d’un personnage « moitié homme, moitié robot » comme dit la chanson. Celui-ci est composé de pistons automobiles (of course). Sur son buste on aperçoit le « Z » de Zollner. Tête, corps et membres inférieurs/postérieurs, sont modélisés, avec en guise d’indicateur indispensable, un ballon de basket tenu dans sa main gauche. Aux pieds, on peut sans doute voir les prémisses des sneakers à l’américaine. Son air méchant est peut-être un signe avant-coureur des célèbres Bad Boy de Detroit !
Avec ce logo originel, les Pistons de Fort Wayne remportent deux titres de champion NBL (National Basketball League) en 1944 et 1945 avec des joueurs présents dès la création et futurs Hall of Famers comme George Yardley.
1948 – 1957 – L’apparition de la couleur et du mouvement
Même Robot, joue encore. Cependant quelques changements interviennent. Le personnage, maintenant de couleur rouge est clairement en mouvement. Même à la limite du Lay-up main gauche avec la main droite fêtant déjà les 2pts. Des petits traits signalent le mouvement (technique désuète mais efficace à l’époque). On peut voir l’énergie, l’enthousiasme et la passion sur son visage. Sur le Ballon, on peut clairement apercevoir le design de la sphère qui sera la base des futurs logos de la franchise.
En 1949, les Fort Wayne Pistons s’engage en NBA et dispute deux finales en 1955 et 1956 qu’ils perdent respectivement face aux Nationals de Syracuse et aux Warriors de Philadelphie. Contrairement à sa version noir et blanc, amener de la couleur et du mouvement au logo ne leur a pas permis de garder leur esprit de vainqueur.
1957-1971 – Déménagement et mise en avant du ballon :
En 1957, la franchise ayant des ambitions et une envie d’expansion, décide de déménager dans la grosse ville de Detroit dans l’état voisin du Michigan. La capitale américaine de l’automobile est un lieu tout trouvé pour ces Detroit Pistons. D’autant plus que les Gems, franchise locale se déplace à Minneapolis, laissant place nette à une nouvelle histoire. Les Pistons sont donc accueillis chaleureusement et dans la foulée changent de nom : les Pistons de Détroit sont nés.
Il s’agit donc de définir les aspects de cette nouvelle appellation. Exit le bonhomme en pistons, et place à la simplification avec un logo recentré sur le ballon. Celui-ci est désormais bicolore avec les couleurs prédominantes aux USA : le bleu et le rouge. Ses lignes intérieures sont très simplifiées afin de laisser apparaître le lettrage, avec la dénomination Detroit Pistons. Celle-ci est suivi de l’indication sportive et l’appartenance à la National Basketball Association.
C’est cette trame de logo que l’on retrouvera, par séquences, dans une bonne partie de l’histoire de la franchise.
Avec ce logo, les Detroit Pistons débutent la période avec des qualifications en post-season de 1957-1958 à la saison 1962-1963. Cependant la franchise n’arrive pas à atteindre les Finales NBA.
1971-1975 : la continuité
Le logo de cette période n’est pas trop modifié. On peut voir la volonté de simplifier le rendu avec la suppression de la ligue d’appartenance. Le rendu est efficace et permet d’identifier rapidement la franchise.
En 1976 la NBA dominante, absorbe l’American Basketball Association (ABA) ou évolue un certain Julius Erving. Alors composée de 22 franchises, elle est sans conteste la ligue la plus importante en termes de popularité, de budget ou encore de niveau de jeu. C’est sans doute la raison pour laquelle le nom de la ligue a été supprimée du logo. Sa visibilité n’est plus à faire.
Rien de notable à relever coté résultats. Une période creuse comme en connaît chaque franchise.
1975-1979 : un logo qui se cherche.
La trame du logo est semblable, mais plusieurs changements sont notables. Les lettres sont désormais pleines, et d’une couleur contestable. Le rouge est abandonné au profit d’un orange foncé assez douteux. Les traits extérieurs sont épaissis et les lignes intérieurs sont redessinées. L’inscription relative à la discipline est supprimée, laissant place à la mention NBA désormais bien connue. Le logo est clairement plus équilibré et encore simplifié.
Durant cette période, les résultats ne sont clairement pas au rendez-vous malgré une série de qualifications en Playoff entre 1974 et 1977. En 1974, Zollner se sépare de la franchise au profit de Bill Davidson (propriétaire jusqu’à sa mort en 2009)
1979-1996 : Retour vers le futur
Ce logo, crée en 1979 s’apparente à une volonté forte de modernité. Place à la simplicité et à la mise en avant de la franchise. L’auteur a dessiné deux cercles qui entremêlent ballon et logo. Le rendu est bien plus graphique. Le rouge fait un important retour pour devenir la couleur prédominante. Le logo, est immaculé de rouge et bleu. Le lettrage blanc renforce le contraste et la lecture de la franchise est immédiate. Les lignes intérieurs modélisant le ballon sont aussi blanches et épaissies. Le lettrage est légèrement modifié et devient plus droit.
Ce logo est alors le plus longuement utilisé, avec 17 années de présence … d’affilée. Mais on verra aussi qu’il fera son comeback plus tard dans l’histoire.
On peut dire avec certitude qu’avec ce logo, la franchise a eu ses moments de gloire. Elle dispute trois finales NBA en 1988, 1989 et 1990, assorties de deux titres NBA en 1989 et 1990 respectivement contre les Los Angeles Lakers et Portland Trial Blazers. La légende des Bad Boys est née grâce à son équipe qui s’avère ultra dominante dans tous les sens du terme et composée entre autres de Joe Dumars, Isiah Thomas, Dennis Rodman ou encore Bill Laimbeer,
Ce logo est ancré dans l’histoire et reflète cette période faste. La réussite de ces Bad Boys tantôt adulés mais parfois décriés marque à vie cette franchise.
1996-2001 : L’ère du logo Cartoon
Que dire de ce logo, à part qu’il a déchaîné les passions et surtout les passionnés….
Pour expliquer ce virage à 180 degrés, il faut resituer le contexte. L’expansion de la NBA et la fièvre marketing qui en découle, poussent plusieurs franchises à revoir leurs identités visuelles.
Au même moment, les Detroit Pistons veulent aussi mettre derrière eux le lourd héritage des Bad Boys et leur réputation devenue négative aux yeux de David Stern. Les Pistons, avec comme objectif d’imiter le succès des Charlotte Hornets, sont de la partie et décide de proposer aux aussi un logo « cartoon ». Celui-ci né afin de dynamiser ses ventes de maillot en s’adressant à un public plus jeune et et à la consommation accrue. Exit les couleurs traditionnelles et place au bleu sarcelles (Teal) très flashy. Adieu le logo rond et place aux débordements en tout genre.
Dans ce logo, on trouve un cercle principal, duquel trône un cheval (référence aux CV des moteurs automobiles) en feu et des pots d’échappement en fusion sortant des lettres « S ». Le thème est très agressif, avec de l’orange et rouge modélisant le feu partout. Sûrement une envie d’enflammer le jeu sur terrain, et l’ambiance en tribune. Il aura surtout réussi à monter en température la fanbase de la franchise. Encore une preuve d’un logo raté, le deuxième « T » de Detroit est rogné par l’élément central. Mais l’élément le plus décrié a été la couleur choisie qui n’était pas du tout le reflet de l’histoire des Pistons.
Autant dire que le changement est (trop) radical pour tout le monde. Je pense que jamais un logo n’aura autant fait parler de lui au sein des fans d’une franchise.
Ce logo fait surtout écho à une période maigre en résultat. Des bilans faméliques en saison régulière et des éliminations au 1er tour de Playoff, achèvent de l’identifier comme un logo de loser.
2001-2005 : Retour aux couleurs patriotes
Des 1999, le board est forcé de faire un stepback et initialise le retour aux couleurs classiques, les « vraies couleurs ». La NBA impose un délai de deux ans entre chaque changement de logo (afin d’écouler les stocks de maillots et produits dérivés entre autres). Il faut donc attendre 2001 pour voir ce bleu sarcelles, tant décriée, disparaître à jamais. Les fans les plus superstitieux soupçonnaient même que la couleur bleu sarcelle était responsable de la lose de Motor City.
La trame du logo est identique, avec son cheval devenu bleu nuit. Les flammes sont désormais rouges unies. On voit enfin l’ensemble du nom de la ville dans le bas du cerclage.
Ce logo équestre, même avec ces couleurs, ne sera plus jamais présent sur le parquet ni sur les maillots. Néanmoins, il apparaîtra encore sur le short (version seconde tenue).
Pour le coup, le changement de couleur a plutôt très bien réussi à ce logo invisible. En effet, lors de cette période les Pistons finissent chaque saison Top 3 de conférence Ouest. C’est surtout avec ce logo très discret, que les Pistons remporte en 2004 l’un de ses titres les plus surprenants en dominant les Lakers soi-disant invincibles. A l’instar des précédents titres, l’équipe était composée de joueurs au caractère bien trempé comme Rasheed et Ben Wallace.
2005 – 2017 : Modernité et retour aux sources
Le début de la saison 2004-2005 voit l’achèvement de la période trouble du logo équestre. Les Detroit Pistons, alors Champions NBA en titre, profitent du vent dans le dos pour renouveler leur image. Le logo devient rond, avec un ballon de basket comme figure principale. L’intérieur du ballon est soigné ainsi que le lettrage en relief. On peut apercevoir clairement le nom de la franchise. L’équilibre recherché offre un beau rendu. On a bien la une partie du logo historique mixé avec une modernité graphique. Le lettrage est homogène et donne l’impression d’un logo fini et fidèle aux standards de son époque. Successeur du logo à cheval, il fera beaucoup plus l’unanimité au sein des fans et sera présent durant 12 années.
Les résultats pendant cette période sont très bons au début, dans la continuité du titre de 2004. Cependant, à partir de 2008, le cœur n’est plus à la fête et l’équipe enchaîne les saisons ternes dans les bas fond de la conférence Est.
2017- Présent : Bad Boys 4 life
En 2017, la franchise quitte sa légendaire antre de Auburn Hill pour la Little Ceasar Arena. Elle en profite aussi pour ouvrir un « nouveau chapitre » comme annoncé lors des présentations de ce nouveau mais ancien logo très Bad Boys.
Ce dernier est décrit par la franchise comme « une combinaison de morceaux des créations passées intégrées dans un nouveau look, tout en conservant la palette de couleurs longtemps associée à la franchise ».
Les dirigeants ont aussi la mémoire courte car il indique le même jour que « depuis le déménagement de Fort Wayne à Motor City en 1957, la marque emblématique Detroit Pistons est toujours restée fidèle. La palette de couleurs audacieuses rouges, blanches et bleues et le design du ballon de basket ont résisté à l'épreuve du temps à travers l'évolution de la franchise et de la ville » On croirait presque que le bleu sarcelle n’a jamais existé du coté de Detroit … !
Coté logo, on peut voir que la trame du cercle bleu entourant un ballon de basket modélisé par ses lignes est bien là. Les lignes sont néanmoins bien plus fluides et proportionnées. La typographie a évolué, et gagné en modernité. La forme des « S » rappellent celles des silencieux d’échappement, seul témoin encore visible de l’appartenance de la franchise à la Motor City. Le trio de couleur bleu/blanc/rouge saute aux yeux et reflète parfaitement l’histoire de la franchise.
Concernant le sport, malgré ce logo évoquant les victoires d’antan, les résultats sont aux abonnés absents. On peut quand même souligner un premier tour perdu en 2019 contre les Bucks.
Riche d’une longue histoire, les Pistons ont procédé à de nombreux changements de logo. Mais c’est justement porté par son histoire, qu’il a été décidé de revenir au logo historique de l’époque des Bad Boys, reflétant parfaitement l’état d’esprit de la franchise. Espérons que cette aura pourra bénéficier à Sekou Doumbouya et Killian Hayes, nos deux frenchies qui se doivent d’œuvrer pour le renouveau et le futur des Detroit Pistons.