Par Enzo MORISSEAU

La Draft 1984 revient quasi systématiquement lorsque l’on cherche la meilleure cuvée de l’histoire, tout comme ses deux petites sœurs de 1996 et 2003 déjà épluchées sur Rookie Republic.
Toutes trois ont vu dans leurs rangs plusieurs MVP, plusieurs champions et de nombreuses légendes. Voici un aperçu de cinq des plus grands joueurs de la génération 84, dont certains visages vous paraîtront familiers.  

John Stockton

16ème choix draft NBA 1984

Dans l’imaginaire collectif, le joueur NBA est un monstre physique, une armoire à glaces qui doit baisser la tête en franchissant le pas des portes. John Stockton n’est pas de cette trempe-là. Le meneur passé par l’Université de Gonzaga passe inaperçu dans la rue grâce à ses mensurations « normales », 1,85 mètres pour moins de 80 kilos. Malgré son absence de qualité athlétiques remarquables, l’homme au physique de comptable a laissé une trace indélébile au sein de la Grande Ligue. John Stockton brillait par son intelligence de jeu et représentait l’archétype du meneur organisateur, une espèce en voie d’extinction de nos jours. Il gérait le tempo de son équipe, lançait les systèmes et enchaînait les picks and roll avec son éternel acolyte Karl Malone. Son jeu de passes n’était pas aussi spectaculaire que Magic Johnson ou Steve Nash, cependant il était encore plus efficace. En effet, aucun joueur n’a réalisé plus de passes décisives en NBA que lui, et ce record n’est pas près d’être battu. Indissociable de son unique franchise du Utah Jazz à laquelle il est resté fidèle durant 19 saisons, il n’a malheureusement jamais été champion, ni remporté de titre de MVP. Mais l’essentiel est ailleurs : les jeunes de tout âge ont compris que sans être grand, sans être rapide, sans être musclé, il est possible de réaliser une immense carrière NBA grâce à son Q.I basket.
Moyennes en carrière : 1504 matchs, 10,5 passes et 2,2 interceptions.  

Alvin Robertson

7ème choix draft NBA 1984

Alvin Robertson n’était pas une Superstar contrairement à tous les autres basketteurs qui vont suivre. Cependant, nul n’apparaît dans un Top 5 d’une si ce n’est la plus grande Draft de tous les temps sans marquer l’histoire. Robertson ne déroge pas à la règle. Il fut sélectionné en septième position par les San Antonio Spurs à une époque lointaine où les joueurs de la franchise texane ne participait pas systématiquement aux Play-Offs. Propulsé titulaire au poste d’arrière, le natif de l’Ohio ne tarde pas à montrer d’immense qualités dès sa deuxième saison au sein de la Grande Ligue. Il brillait avant tout par sa défense. Historiquement, ce sont plutôt les pivots, les joueurs les plus imposants de la ligue qui sont sacrés meilleurs défenseurs grâce à leurs bras immenses qui bloquent l’accès au panier. Pourtant, Robertson fut sacré en 1986 et ce malgré son mètre 92. La même année, il remporta aussi le trophée de joueur ayant le plus progressé gage de son importance au sein du collectif texan. Sa carrière fut relativement courte, à peine dix saison pleines, mais il laissa une trace indélébile dans le livre des records. Il est l’un des quatre joueurs à avoir réalisé un quadruple double, le seul à compiler DPOY et MIP lors de la même saison et détient les meilleures moyennes d’interceptions sur une saison (3,7), ainsi qu’en carrière (2,71). Des blessures récurrentes et des problèmes avec la justice viennent ternir l’image de sa carrière où il compila davantage de récompenses individuelles que collectives.
Moyennes en carrière : 779 matchs, 14 points et 2,71 interceptions.  

Charles Barkley 

5ème choix draft NBA 1984

Les plus jeunes d’entre vous risquent d’être surpris en voyant celui qui officie depuis quelques années comme consultant à la télévision américaine dans ce Top 5. Oui, malgré ses kilos en trop, Charles Barkley fut un excellent joueur de basket-ball. Il fut choisi en cinquième position de la Draft 1984 par les Philadelphia Sixers. Dès sa première saison, il prouva que les recruteurs de la franchise de Pennsylvanie ont eu raison de miser sur lui. Barkley était un ailier fort à la taille plus petite que la moyenne de son poste : 1 mètre 98. Cependant, ce déficit de hauteur ne l’empêchait pas d’être bon, loin de là. Il compensait cela par un physique de déménageur et d’excellentes qualités athlétiques. L’intérieur excellait à la prise de rebonds, ce qui est paradoxal quand on sait que ce domaine est initialement réservé aux pivots les plus grands. Mais Sir Charles n’en avait rien à faire des conventions. Il était le spécialiste pour prendre des amendes à cause de coups de poings échangés ou d’insultes profanées envers ses adversaires mais aussi ses coéquipiers et ses dirigeants. Son tempérament de feu ne l’a pas empêché d’être un joueur performant. Il fut sacré meilleur joueur de la ligue en 1993 alors que Jordan tutoyait les sommets, avant que ce dernier ne le batte en Finale. Cependant, tout comme son collègue de promo John Stockton, il fait parti des légendes qui n’ont jamais été champions NBA. Moyennes en carrière : 1073 matchs, 22,1 points et 11,7 rebonds.

Michael Jordan

3ème choix Draft NBA 1984

Aussi surprenant que cela puisse paraître, Michael Jordan n’est pas un premier choix de Draft, il fut sélectionné en troisième position par les Chicago Bulls. Deux équipes sont donc passées à côté du plus grand joueur de tous les temps. Elles doivent s’en mordre les doigts me diriez-vous, et bien pour les Houston Rockets qui avaient le premier choix, nous allons y venir, mais pour les Blazers de Portland qui ont choisi Sam Bowie, cette erreur monumentale ne fait que lancer une période de malchance et de choix douteux qui va poursuivre la franchise de l’Oregon. Michael Jordan était un jeune universitaire très attendu. Les attentes des fans ont été récompensées par une première saison absolument phénoménale avec plus de 28 points de moyenne à plus de 50% au tir. L’ère Jordan venait de commencer. La suite de sa carrière fut une succession de matchs magnifiques, d’actions sorties de nulle part, de récompenses collectives et de records individuels. Chaque soir, M.J pouvait faire sauter un record ou planter cinquante pions. Ses performances extraordinaires firent de lui la première star mondiale du basket-ball. Son influence dépassa le cadre de la NBA grâce à la création de sa marque de chaussures ou encore son apparition au cinéma avec le film Space Jam. Il fut le premier sportif à subir le train de vie d’une célébrité planétaire, une sorte de Truman Show réel, avec tous les inconvénients qui composent ce quotidien. Malgré ça, l’impact de sportif de Jordan n’a jamais diminué, bien au contraire. Son hygiène de vie restait irréprochable et son envie de gagner était la même qu’à ses débuts dans la Grande Ligue. Il remporta 6 titres lors de ses dernières saisons complètes avec les Bulls.   Moyennes en carrière : 1072 matchs, 30,1 points et 2,3 interceptions.

Hakeem Olajuwon

1er choix Draft NBA 1984

Hakeem Olajuwon est né en janvier 1963 à Lagos, au Nigeria. Il fut obligé de quitter son pays pour se donner une chance de devenir, un jour, un joueur NBA. A l’époque, et encore aujourd’hui dans une moindre mesure, le système de Draft américain est très centralisé et accentué sur les universités les plus prestigieuses du pays. Le jeune nigérian a donc fait le bon choix en rejoignant l’Université de Houston avant d’être appelé en premier lors de la Draft 1984 par les Rockets. Hakeem Olajuwon était un pivot ultradominant aux qualités diversifiées. Il excellait dans le scoring et marqua plus de 27 points de moyenne lors de ses saisons les plus prolifiques, était un défenseur redoutable grâce à une envergure gigantesque lui permettant d’être, à l’heure actuelle, le meilleure contreur de l’histoire. Mais la palette du nigérian ne se résumait pas qu’à cela. Il était un pivot moderne, capable de dribler, de passer, de tirer de loin et de défendre sur des plus petits. The Dream était l’archétype de l’intérieur complet. Le nigérian fut sacré deux fois champion NBA, deux fois MVP des Finals et une fois MVP lors de la première retraite sportive de Michael Jordan. Il fait incontestablement parti des meilleurs joueurs de tous les temps et sa carrière ne souffre d’aucune comparaison avec MJ. Les dirigeants des Rockets ont fait le bon choix, à n’en pas douter.
Moyennes en carrière : 1238 matchs, 21,8 points, 11,1 rebonds et 3,1 contres.