Par Enzo MORISSEAU
Après avoir pris connaissance de cinq des plus grands joueurs issus de la Draft 2003, place désormais à celle de 1996. Tout comme sa petite sœur, de sept ans sa cadette, elle revient régulièrement dans les débats de « la meilleure cuvée de Draft de tous les temps ». La cuvée qui nous intéresse aujourd’hui comporte de nombreuses légendes de la Grande Ligue. Voici le portrait de cinq d’entre elles.
Ben Wallace
Non drafté
Le premier joueur de cette liste n’a revêtu aucune casquette au soir de la Draft 1996. Chaque année, certains jeunes se voient snobés par les franchises NBA et doivent, à leur grand désespoir, poursuivre leur carrière dans l’attente qu’une équipe les recrute en cours d’une saison ou lors de la prochaine draft. Ben Wallace était l’un d’entre eux. Certains observateurs trouvaient son deux mètres six, trop petit pour le poste de pivot et les managers ne le sélectionnèrent ni au premier tour, ni au second. Les recruteurs ne l’ayant pas choisi passèrent l’intégralité de la carrière de Big Ben à s’en mordre les doigts. L’aventure NBA du pivot commença dans la capitale où il fut finalement signé quelques jours avant le début de la saison. Cependant, c’est chez les Pistons de Detroit qu’il écrira le plus gros de sa légende. Ben Wallace devint, au fil des saisons, la pierre angulaire du système défensif des Pistons, équipe réputée pour son jeu hargneux. Sa taille ne le désavantageait pas, au contraire. Le pivot excellait aux rebonds ainsi qu’aux contres, domaines qu’il domina à plusieurs reprises. Ses qualités athlétiques et sa combativité firent de lui un défenseur hors-pair et l’un de seuls joueurs de son époque à freiner le Shaq. Wallace termina sa carrière avec un impact jamais vu pour un joueur non drafté et collecta quatre trophées de meilleurs défenseurs de l’année, un record qu’il partage avec le congolais Dikembe Mutombo.
Stats en carrière : 1 088 matchs pour 9,6 rebonds et 2 contres de moyenne.
Steve Nash
15ème choix Draft 1996
L’adage est connu depuis des décennies, les Américains ont une vision du monde assez centrée sur… eux-mêmes. La NBA ne déroge pas à la règle. En effet, la Grande Ligue a refusé durant des années à faire confiance à des non-américains et les franchises ont favorisé les universitaires formés au pays de l’Oncle Sam. Cependant, les mentalités ont récemment évolué et des joueurs de tout horizon peuvent désormais jouer en NBA et Steve Nash n’y est pas étranger. Nash est né en Afrique du Sud, a grandi au Canada, et a intégré la méconnue Université de Santa Clara. Ce mélange de caractéristiques loin des standards de l’époque inquiéta les fans de Phoenix qui drafta le jeune canadien en 15ème position. Le désamour des supporters lié à une forte concurrence rendit ses deux premières saisons compliquées. A l’intersaison 98, il est envoyé à Dallas. C’est au Texas que le monde entier fit connaissance du talent du meneur chétif. Aux côtés d’un autre non-américain, Dirk Nowitzki, il se révéla grâce à sa vision de jeu phénoménale, ses passes intelligentes et son shoot régulier. En 2004, il décida de retourner aux Suns afin de prouver aux fans qu’ils avaient tort lors de sa draft, huit ans plutôt. Steve Nash devint le leader de son équipe et glana deux titres de MVP chose qu’aucun non-américain n’avait réussi jusque-là. Malheureusement, il ne fut jamais sacré champion NBA, mais son impact sur le monde du basket-ball reste monumental : ses passes cachés, ses passes aveugles font toujours le tour des réseaux sociaux et son talent ainsi que sa persévérance ont permis aux jeunes non-américains de réaliser leur rêve NBA.
Stats en carrière : 1 217 matchs pour 8,5 passes ; 90% aux lancers et 42% à 3 points.
Kobe Bryant
13ème choix Draft 1996
Après un joueur non drafté car jugé trop petit devenu l’un des plus grands défenseurs de l’histoire, un jeune canadien provenant d’une fac de maigre envergure devenu le troisième meilleur passeur de l’histoire, voici l’heure de présenter un joueur ayant inscrit son nom à la Draft sans passer par l’Université. Sur les vingt années précédant la Draft 1996, un seul lycéen fut sélectionné par une franchise NBA. Pourtant cela n’a pas refroidi le natif de Philadelphie qui décida d’inscrire son nom au sein de la cuvée 96 avant d’atterrir au cœur dela cité des anges. Grâce à une rigueur hors du commun, Kobe Bryant réussit à se frayer un chemin jusqu’aux sommets de la ligue et du basket mondial. Il fut d’abord le lieutenant de Shaquille O’Neal aux côtés duquel il remporta trois titres ( aucune franchise n’y est arrivée depuis), avant de devenir l’unique leader des Lakers jusqu’à la fin de sa carrière, franchise qu’il ne quittera jamais et à laquelle il offrit cinq titres. Le Black Mamba était un scoreur infatigable, un attaquant inarrêtable que même le sommeil ne pouvait stopper. Il était capable de marquer 40 points n’importe quand mais aussi de défendre sur le meilleur attaquant adverse. Son éthique de travail, son hygiène de vie et son amour du basket-ball étaient un modèle pour les enfants aux quatre coins du globe. Le monde entier fit la connaissance de Kobe Bryant, à tel point qu’aujourd’hui il est l’un de ceux qui représente ce sport partout autour de la terre. Que vous habitez en France, en Australie, au Congo ou au Japon, vous risquez de croiser un numéro 8 ou un numéro 24, à n’importe quel coin de rue.
Stats en carrière : 1 346 matchs pour 25 points ; 5,2 rebonds et 1,4 interceptions
Ray Allen
5ème choix Draft 1996
Si vous doutiez encore de la qualité exceptionnelle de cette cuvée 96, Ray Allen enterre définitivement vos dernières réserves. La carrière du californien est ponctuée de titres, de récompenses, de records et d’action mémorables. Pour commencer, il inscrivit son nom dans les mémoires des fans de son Université, les Huskies du Connecticut, en battant le record de trois points marqués lors d’une saison. C’est notamment grâce à ses qualités de shooteur longue distance qu’il fut sélectionné en cinquième position de la Draft 96 par les Wolves avant d’être transféré aux Bucks. Ensuite, Ray Allen devint un des meilleurs arrières de la ligue en enchaînant les saisons de haut niveau, sans pour autant être champion. Malgré cela, il fut récompensé de 10 sélections au All Star Game dont 9 de suite, ce qui montre une régularité remarquable. Allen compléta son palmarès de deux trophées de champions NBA lors de la seconde partie de sa carrière : un sous les couleurs de Boston où il forma un big three avec Pierce et Garnett, ainsi qu’un autre avec Miami lors de Finales rocambolesques où il planta l’un des trois points les plus assassins de tous les temps face aux Spurs de San Antonio. L’arrière partit à la retraite avec le record de trois points marqués, titre qu’il détient encore aujourd’hui. Il restera à jamais comme celui qui a montré la voix à la génération des Curry, Lillard ou Thompson.
Stats en carrière : 1 300 matchs pour 18,9 points ; 2973 tirs à trois points marqués.
Allen Iverson
1er choix Draft 1996
On dit souvent qu’on peut mesurer l’importance d’un joueur à la façon dont il a influencé son sport et la manière dont il est pratiqué sur le terrain. Allen Iverson a fait mieux que ça : il a non seulement changé le jeu sur le parquet mais aussi en dehors. Vous voyez quand vous aller jouer au basket en bas de chez vous et que vous tombez nez à nez avec deux ados qui cherchent à s’humilier grâce à des dribles chaloupés ou des crossovers ravageurs ? Et bien sans Allen Iverson, cette situation ne serait peut-être jamais arrivée. Ok, maintenant vous voyez quand ces deux mêmes adolescents se posent sur un banc pour se reposer ave des bracelets métalliques, une enceinte crachant du rap et un short large leur arrivant au genou ? Et bien sans Allen Iverson, cette situation ne serait peut-être jamais arrivée. The Answer fut un dribleur magnifique, un artiste avec le ballon, le Ronaldinho du basket-ball. Personne ne pouvait rivaliser avec son aisance balle en main, faculté qu’il complétait avec une vitesse d’exécution phénoménale. Il a aussi ramené l’univers hip-hop au sein de la Grande Ligue avec ses chaînes en or autour du cou, ses pantalons baggy, mais aussi sa proximité avec le rap, art auquel il s’est essayé au grand désarroi des décisionnaires de la NBA.
Stats en carrière : 914 matchs pour 26,7 points ; 6,2 passes et 2,2 interceptions.