par Eliot FRANCART
La vie ne tient souvent qu’à un fil, une action ou à un coup du sort. Tout est une question de timing, même quand on est l’un des meilleurs joueurs de sa génération.
Un talent unique dès que le ballon était entre ses mains, Elgin Baylor a (très) souvent manqué de bon timing lors de sa carrière en NBA. Ce mauvais timing l’aura privé de nombreuses distinctions et de récompenses qu’il méritait. Il ne lui aurait pas fallu grand-chose pour changer sa destinée, s’il était né quelques années plus tard, Elg’ aurait pu être bien plus récompensé qu’il ne l’a été.
Mais avec des « si » on referait le monde. Si Elgin Baylor n’est pas le plus grand, il est le premier. Le défricheur. Baylor, c’est un peu Mozart qui aurait vu le jour avant l’invention de la partition. Le basketteur a fait décoller le jeu et l’a littéralement verticalisé à une époque où les caméras n’étaient pas encore assez nombreuses pour immortaliser sa révolution sur les parquets. Baylor est le premier joueur doublé d’un remarquable athlète.
« Ce qui nous semble être une routine aujourd’hui, comme changer de direction, les ‘spin move’, les feintes aériennes, les changements de rythme sur les dribbles : tout vient d’Elgin. A un certain degré, les passes aveugles de joueurs de sa taille, c’est également lui », juge Bijan C. Bayne, auteur de « Elgin Baylor : The man who changed basketball ».
Elgin Baylor face aux Royals
Michael Jordan avant Michael Jordan
Baylor est le précurseur de ce que MJ a pu faire vivre aux fans pendant plus d’une douzaine d’années. Cette grâce aérienne, c’est bien lui avant Jordan. Magic Johnson a bien pu le confirmer : « Avant Michael, il y avait Elgin Baylor avec ses exploits aériens et son incroyable force offensive. Elgin a montré au monde que l’homme pouvait voler ! »
Avant Michael Jordan il y a également eu Julius Erving, qui avoue s’être inspiré de Baylor : « La première fois que j’ai vu Elgin Baylor jouer au basket, je n’ai pas pu détacher mon regard. Je n’ai pas cligné une seule fois des yeux, de peur de manquer un geste que je ne pourrais revoir une autre fois. J’ai toujours travaillé pour lui ressembler et jouer comme lui mais je me suis vite rendu compte qu’il ne pouvait être imité. »
Arme offensive comme personne, il est encore aujourd’hui troisième meilleur marqueur de la NBA à la moyenne de points avec 27,36 points par match, surclassé par Wilt Chamberlain et Michael Jordan avec 30,07 et 30,12 points par match, et talonné par LeBron James qui affiche 27,15 points par match en carrière.
Mais comment se fait-il que cet homme soit si méconnu par le grand public ? A-t-il un défaut ? Un seul ! Celui qui a fait toute sa carrière chez les Angelinos n’a jamais été sacré champion NBA, il n’a jamais pu soulever le Walter Brown Trophy, l’ancien nom du Larry O’Brien Trophy, qui est le trophée remis à l’équipe championne, chaque saison.
Mais on ne peut pas dire qu’il n’a pas eu l’occasion de le remporter, Elgin a disputé mais surtout perdu 8 NBA Finals au cours d’une longue carrière de quatorze saisons.
Personne dans l’histoire de la Grande Ligue n’a jamais fait « mieux » ou pire, au choix 10 All-NBA First Team et 11 fois All-Star, l’ailier scoreur a échoué en arrivant sur la dernière marche. Mais comme on le disait avant, on tombe parfois au mauvais moment.
Et Elg’ fait indirectement partie de la fabuleuse épopée des Celtics de Bill Russel, qui rafleront le titre de Champion NBA 10 fois lors de la carrière d’Elgin Baylor. Mais le Laker n’éprouve aucune rancœur et se montrait élogieux à l’égard de son adversaire venu de l’Est.
« C’était impossible de battre Russell. Une fois que le match débutait, quelque chose changeait en lui. Rien ne pouvait l’ébranler ».
Mais par la suite, les deux hommes sont devenus amis, après de nombreuses luttes communes pour le sommet. Car pourquoi avoir des regrets quand on donne son maximum ? A quoi bon se morfondre quand on a d’autres batailles a livré, parfois vitales ? Elgin Baylor est quand même un vainqueur sans le vouloir.
Elgin Baylor à l'université de Seattle
Started from the bottom …
1934, l’Amérique ne roule pas sur l’or, y compris la famille Baylor. Uzziel et John Baylor vivent dans une ferme aux alentours de Washington avec déjà 4 enfants quand ils apprennent qu’un petit cinquième viendra compléter la fratrie. Malgré l’interdiction à l’époque, Uzziel Baylor veut avorter. Son médecin accepte de réaliser sa demande mais la prévient que ce n’est pas un geste anodin et que peser le pour et le contre est le meilleur réflexe avant de prendre une telle décision.
Finalement, elle choisira de se garder son futur enfant. Le jour de sa naissance, son père décide de l’appeler Elgin, le nom de la marque de sa montre. Mais derrière ce choix bizarre, John Baylor a choisi ce prénom car sa montre est solide, fiable et digne de confiance.
De belles valeurs qu’il veut inculquer à son fils. Mais être un enfant noir au cours de la première moitié du XXe siècle n’est pas une partie de plaisir quand on vit dans ce coin de l'Amérique.
« C’était un endroit raciste, explique-t-il. Quand j’étais gosse, c’était dur. Je vivais dans un quartier noir et, à chaque fois qu’un crime était commis dans le coin, la police rappliquait toujours pour questionner les enfants du quartier qui finissaient par être reconnus innocents. »
Un épisode le marquera profondément et construira son rapport à la lutte pour l’égalité. Sa sœur, Columbia, est recherché par la police car elle a battu une femme qui lui a craché dessus et traité de nègre. Lors de l’arrivée de la police chez la famille Baylor, paniqué, son père supplie les policiers de ne pas l’emmener en prison. Ils acceptent. A une condition : qu’il la punisse. Maintenant. Comment ? En la fouettant. Il s’exécute. Elgin en voudra toujours à son père, coupable à ses yeux de s’être rabaissé et d’avoir meurtri dans sa chair sa propre fille. L’exutoire à cette violence ancrée dans le quotidien, Elgin Baylor va le trouver sur les parquets. Enfin, façon de parler…
Parce que le racisme ordinaire de la rue a trouvé son prolongement sur les terrains de basket de l’Amérique, dont certains lui sont interdits, barricadés par les forces de police, comme aux autres noirs. Elgin devient trop rapidement trop fort pour qu’on ferme les yeux sur ces performances. Il est la preuve que l’excellence n’a plus de couleurs. Il commence à se montrer et se faire un nom dans le District of Columbia. Mais les résultats scolaires ne sont pas au rendez-vous.
Brillant sur le parquet du lycée de Phelps, il se noie dans ses cours, il sera renvoyé. L’année suivante, il retrouve les parquets grâce au lycée de Spingarn, qui vient d’ouvrir. Le hasard fait qu’il va affronter son ancien lycée en février 1954. Pas rancunier, Baylor n’a pas pour autant la mémoire courte. Il va envoyer 31 points face à ses anciens coéquipiers ... dans la première mi-temps. La seconde ? Même avec déjà 4 fautes commises, il en rajoutera 32. 63 points, record de l’Etat en poche.
Elgin Baylor sous les couleurs des Los Angeles Lakers
La révolution Elgin Baylor
L’ancien record était détenu par un certain Jim Wexler, qui l’avait établi l’année précédente. Basketteur blanc de Western High School, il avait eu droit aux honneurs de la sections sport du Washington Post. Un bel article en tête de page.
Un an plus tard, le quotidien relayera le record de Baylor sur une ligne. « Le titre qui m’avait été réservé était plus gros que tout l’article dans lequel on parlait du record de Baylor », regrettera plus tard Wexler, qui n’y était pourtant pour rien. « Il est mon lien avec l’immortalité », ajoutera-t-il, magnifiquement.
Il a beau être le meilleur athlète de son état, aucune université ne se pressera pour accueillir le prodige qui a déjà commencé à faire du basketball un ballet et qui surprend par sa propre façon de shooter. Au milieu des années 50, alors que tout basketteur qui se respecte shoote à deux mains et les pieds bien ancrés, Elg’ ne se sent pas à l’aise avec cette mécanique. Lui il préfère shooter à une main, en sautant et en regardant le cercle. Il y gagne en mobilité et surtout en verticalité. Sa révolution est en marche, deviendra la norme et le jump shot est né ! DC ne veut pas de lui ? Alors il faut qu’il parte. Il trouvera refuge de l’autre côté des Etats-Unis, dans l’Idaho, où un de ses copains a déjà trouvé une place.
Baylor trouvera sa place à Cadwell. L’équipe mixte des Coyotes termine sa saison 1954-55 invaincue avec 15 victoires pour aucune défaite, une première dans l’histoire du basket universitaire. Baylor a montré son talent : 31,3 points et 18,9 rebonds de moyenne. En inscrivant 53 points, il glane son premier record dans son école, qui tient toujours. Mais c’était trop beau pour être vrai. Le coach sera remercié à la fin de la saison après un désaccord avec la direction de l’université. Mais personne ne saura pour quelles raisons. Quant à la région, parmi les plus blanches du pays, elle n’était pas prête à voir une équipe composée de joueurs blancs et noirs gagner. Sans équipe, Baylor doit mettre sa carrière de côté, avant de retourner dans une école, à Seattle.
Au sein des Chieftains, le jeune prodige poursuit son massacre : 29,7 points et 20,3 rebonds par match, la première saison, puis 32,5 points et 19,3 rebonds lors de la seconde. Il est nommé dans la All-American Team et emmène Seattle au Final Four. Il en sera le meilleur joueur, évidemment, mais perdra en finale face à Kentucky. Il ne le sait pas encore, mais ce ne sera pas la dernière.
... now we here !
Le grand saut arrive pour Elgin Baylor. Pendant ce temps-là dans la Grande Ligue, les Minneapolis Lakers finissent avec le pire bilan en 1958, qui détiennent le premier choix de la draft et jettent leur dévolu sur Baylor. L’ailier peut techniquement rester à l’université pour y honorer son année senior. Mais il franchit le pas. Une décision qui sauvera les Lakers. 1949, 1950, 1952, 1953, 1954, les Minneapolis Lakers ont écrasé la NBA naissante et glané cinq des huit premiers titres de la ligue, la franchise connaît un gros coup de moins bien alors que George Mikan quitte la scène. Les Lakers ne font plus recette et se retrouvent au bord de la faillite. La saison 1957-1958 conclue sans gloire, avec 19 victoires pour 53 défaites, le public tourne le dos à ces Lakers losers. Bob Short, propriétaire de l'équipe, tente le pari Baylor et lui offre 20 000 dollars pour zapper sa dernière année universitaire. Elgin dit oui.
« S’il avait refusé, c’était terminé. La franchise aurait fait banqueroute », révélera Short en 1971.
Avant que les Lakers déménagent à Los Angeles, Elg’ se fait les dents dans le Minnesota. Dès son année rookie, il commence déjà à faire des merveilles « Quand je suis arrivé au camp d’été et que j’ai vu tous ces grands gars, je me suis vraiment demandé si je pourrais faire le poids… Mais après le premier entrainement, j’ai senti que j’étais aussi bon qu’eux ». La modestie légendaire de Baylor l’empêche de dire la vérité, il était bien au-dessus que ses coéquipiers. 24,9 points et 15 rebonds de moyenne par rencontre. Voilà pour sa première saison en NBA. Il est élu rookie de l’année et, surtout, propulse les Lakers en finale. Déjà, et face aux Celtics. Minneapolis prendra un sweep, le premier de l’histoire des NBA Finals. Partie remise pour la majorité des observateurs, se disant que l’heure de gloire de Baylor arrivera. Mais ce que personne ne sait encore, c’est que le natif de Washington s’inclinera à sept autres reprises sur la plus belle des scènes, dont six face aux Boston Celtics, dynastie ultime et inégalée du sport US, puisque la franchise basée au Massachussetts va décrocher huit titres de suite.
Meneur des droits civiques
La première saison professionnelle de Baylor est une réussite. Mais son plus bel accomplissement, l’ailier va le mener en dehors des parquets. Les années 60 et la révolution des droits civiques sont encore un mirage quand le jeune Elgin et ses Lakers se font les voix involontaires d’une révolution silencieuse. Au mois de janvier 1959, Minneapolis s’en va défier les Cincinnati Royals à Charleston, en Virginie Occidentale. Pourquoi là-bas ? Parce que c’est la ville de Rod Hundley, joueur majeur des Lakers. Ce match devait attirer un peu de monde. Le problème est que la veille du match, l’hôtel Kanawha, où doivent séjourner Baylor et ses coéquipiers, refuse d’héberger les trois joueurs noirs de l’équipe. La franchise de Minneapolis s’en vont et Elgin Baylor décide, lui, de ne pas jouer le match. Il n’a que quelques rencontres de NBA dans les cannes. Un choix courageux dans cette Amérique-là. A ce moment de son histoire.
« Je n’ai jamais voulu me battre », révéla-t-il beaucoup plus tard. Le combat s’est imposé à lui et en a fait un étendard silencieux tout au long de sa vie. Sur les parquets, Elgin Baylor va faire encore plus de bruits. Bye Minneapolis, Welcome to LA. Le numéro 22, qui aura son numéro retiré à la fin de sa carrière, continue de martyriser les défenses adverses et de révolutionner le jeu. 34,8 points et 19,8 rebonds en 1960-61 avec une pointe à 71 unités (record NBA de l’époque), 38,3 points et 18,6 rebonds la saison suivante qui ne lui valent même pas de titre de meilleur marqueur ni d’être élu MVP, qui reviendra à Bill Russell cette année-là. Elgin ne remportera ni l’un ni l’autre tout au long de sa carrière. Et, évidemment, pas de titre NBA. Même pas de NBA Finals, qu’il retrouve en 1962 … face aux Boston Celtics. Cette fois-là, le duel est insoutenable. Boston s’imposera 4 victoires à 3 au terme d’un match 7 d’anthologie, que Bill Russell a dominé avec 30 points et 40 rebonds (!!), conclu en prolongation sur le score de 110 à 107 alors que Selvy, coéquipier de Elg’, a eu le shoot de la gagne. Ces Finals restent un chef d’œuvre absolu qui lors du match 5, a collé 61 points sur la tête des Celtics. Un record NBA que personne n’a jamais détrôné. Seul Rick Barry (1967) et Michael Jordan (1993) l’ont approché avec 55 points dans un match.
Après la déception de 1962, la suite n’est qu’un enchaînement de crève-cœurs : Finales 1963 : 4 à 2 pour Boston. Finales 1965 : 4 à 1 pour Boston. Finales 1966 : 4 à 3 pour Boston. Los Angeles était revenu de 1 à 3 à 3 à 3, ce que personne ne réussira plus avant les Cleveland Cavaliers de LeBron James face aux Golden State Warriors lors des NBA Finals en 2016. Les Lakers s’inclinent 95 à 93 au match 7. Finales 1968 : 4 à 2 pour Boston. Arrive la saison 1968-69 et le sentiment que cette fois-ci c’est la bonne. Boston vieillit, Bill Russell est devenu entraîneur-joueur. Et que Wilt Chamberlain a débarqué dans la cité des Anges. Baylor, West et Chamberlain, le Big Three des Lakers a de l’allure, même si Baylor est petit à petit devenu la troisième roue du somptueux carrosse.
Pour la première fois, les Los Angeles Lakers bénéficient de l’avantage du terrain face aux Celtics. Dans le sillage d’un phénoménal Jerry West (37,9 points de moyenne sur la série), Los Angeles mène 2 à 0. Puis 3 à2. Mais perd tous ses matches au Boston Garden. 3 à 3. Retour au Forum d’Inglewood, la salle des Lakers avant le Staples Center.
Elg' face à sa bête noire : les Celtics de Boston
« Je crois que ces ballons vont rester au plafond ce soir »
Baylor touche sa bague du doigt. Jamais Los Angeles n’a perdu un match 7 à la maison. Jamais la franchise n’en reperdra un seul… après ce 5 Mai maudit. Les NBA Finals drainent toujours leur lot d'émotions et de moments clés gravé dans les mémoires. Celle de 1969 ne déroge pas à cette règle. Comment ne pas parler du sommet de l'embrouille entre Wilt Chamberlain et son coach Bock van Breda Kolff lors de l'ultime game 7 ? Le pivot se blesse au genou à quelques minutes de la fin du match tandis que les Lakers Grappille le retard. De nouveau prêt à jouer, il vient l'annoncer à son entraîneur. Mais ce dernier lui répond qu'ils s'en sortent très bien sans lui. L'une des forces les plus importantes de l'histoire du basketball est donc garder sur le banc, à cause d'une bataille d'ego. Surpris, les Celtics champions en titre en profitent. Bill Russel ne veut pas perdre ce match, son dernier en carrière. D'autant plus que le propriétaire des Lakers Jack Kent Cooke a garanti la victoire à ses fans avant même que la rencontre ne commence.
Cooke a attaché de manière très visible des ballons au plafond de la salle et il a même posé un mot sur le siège de chaque spectateur sur lequel est écrit : « Quand, et non pas si, les Lakers gagnent le titre, des ballons seront relâchés, la fanfare de USC interprétera « Happy Days Are Here Again » et le commentateur Chick Hearn interviewera Elgin Baylor, Jerry West et Wilt Chamberlain dans cet ordre précis. »
Averti de cet excès de confiance, Russel dira simplement les mots suivant à ses coéquipiers dans le vestiaire : « Je crois que ces ballons vont rester au plafond ce soir » Promesse tenue. Boston triomphe 108 à 106. La cruelle histoire se répète. Jerry West est le premier MVP de l’histoire des Finales. Le seul à ce jour à avoir été élu alors qu’il se trouvait dans le mauvais camp. Son ami Elgin Baylor, celui qui l’a accueilli dans le vestiaire des Lakers à bras ouverts, n’a que ses yeux pour pleurer. Encore une fois. Baylor aura une dernière chance de décrocher le gros lot. Une saison plus tard. L’ailier va sur ses 36 ans et n’est plus une force ultime de la nature depuis cinq ans et une terrible blessure au genou, qui l’avait privé des Finales 1965. Moins vite, moins haut, moins fort, Elgin Baylor compense grâce à son intelligence et son travail. Après une saison 1965-1966 compliquée, il reviendra à des standards statistiques plus que raisonnables jusqu’à la fin des années 60 (entre 26,6 et 24 points de moyenne).
Bill Russell avec ses bagues de champion NBA
Toujours ce problème de timing ...
NBA Finals 1970. Les premières diffusées en intégralité à la télévision américaine. Plus de Boston, maintenant Place aux New York Knicks, zéro titre au compteur. Résultat ? Une défaite 4 victoires à 3. Los Angeles perd le match 7 au Madison Square Garden. Huit finales. Huit défaites. Cette fois, c’est terminé. Elgin Baylor se déchire le tendon d’Achille au début la saison suivante. Il revient fin 1971, pour neuf matches. Et décide, à 37 ans, de raccrocher ses sneakers. Sans cérémonie. Ironie du sort et cruauté de l’histoire : dès le match suivant l’annonce de sa retraite, les Los Angeles Lakers entament la série d’invincibilité la plus exceptionnelle de l’histoire de la Ligue et du sport US de 33 victoires. Devinez quoi ? Les Angelinos décrocheront le titre NBA au printemps 1972. Ils lui offriront tout de même une bague. La vie est une affaire de timing. « J’étais heureux de les voir gagner le titre. On a vécu tellement de choses ensemble que je voulais les voir triompher, assure-t-il. Pourquoi ne l’aurais-je pas été ? J‘aurais évidemment aimé en faire partie mais j’avais pris ma retraite ». Par la suite, Baylor deviendra coach de la nouvelle franchise des New Orleans Jazz. Sans trop de réussite. Et puis, de 1986 à 2008, vice-président des Clippers, l’autre équipe de Los Angeles. Elu dirigeant de l’année en 2006, il sera viré par le peu fréquentable Donald Sterling deux ans plus tard. Si son long passage aux Clippers n’avait pas vraiment boosté la franchise, il aurait ouvert des portes et les esprits en occupant un poste qui, avant lui, échappait constamment aux afro-américains. Ensuite président des Lakers, Earvin Magic Johnson n’a pas oublié : « Elgin a ouvert la voie à de nombreux joueurs afro-américains tout en luttant pour notre pays et en supprimant les barrières de couleur. » Devant le Staples Center, où officient Lakers et Clippers, se trouvent aujourd’hui cinq statues d’anciens joueurs des "pourpre et or" : Shaquille O'Neal, Kareem Abdul-Jabbar, Magic Johnson, Jerry West et… Elgin Baylor, qui a la sienne depuis avril 2018. Lui seul n’a jamais gagné avec les Lakers. Il a fait bien plus que ça.
Goodbye Mister Baylor
C’est à travers un communiqué des Lakers que la nouvelle a été annoncée. Le grand Elgin Baylor a donc quitté notre monde en ce lundi 22 mars 2021 à l’âge de 86 ans. Décédé de « causes naturelles », Elgin laisse derrière lui sa femme et trois enfants, ainsi qu’un immense héritage en tant qu’ancien Laker. Car Baylor fait partie de ces joueurs qui symbolisent véritablement la mythique franchise