par Jean VEILLEROT

L’année 1994 de la NBA a été marquée par le premier titre des Houston Rockets, alors menés par Hakeem Olajuwon. « The Dream » s'est gavé de trophées individuels et collectifs lors de cette saison. La meilleure de sa carrière. Retour sur cette année folle pour les amateurs de fusées. Car quand MJ n’est pas là, c’est dans le Texas que le feu d’artifice résonne.

UN DÉCOLLAGE EN FANFARE

Coaché par Rudy Tomjanovich, Houston débute la saison 1993-1994 en remportant 23 de ses 24 premiers matchs. Les Rockets enfilent même 15 victoires d'affilée avant leur première défaite. Un record en NBA. À cette époque, aucune équipe dans l'histoire de la grande ligue n'avait commencé une saison avec autant de wins pour un revers. Dommage, les Warriors ont réussi un 29-1 en 2015... Mais à l'inverse des hommes de Steve Kerr, les Texans ont un peu baissé en régime par la suite. La saison régulière se finit donc avec 58 victoires pour 24 défaites et une deuxième place de la conférence Ouest derrière les Sonics de Gary Payton et Shawn Kemp.

Le danger numéro un en attaque est bien-sûr Hakeem Olajuwon. Mais si The Dream fait des carnages sous le cercle, les soldats autour de lui mitraillent l'ennemi de shoots à trois points bien calibrés. Sur la saison, Houston est l'équipe ayant shooté le plus de fois à distance. Les snipers Vernon Maxwell, Kenny Smith et Robert Horry ont bien fait leur taff. Pour gagner, l'adresse est donc un facteur essentiel pour l’escouade de Tomjanovich, mais dans tous les cas, les Texans peuvent compter sur leur défense de fer. Grâce à la haute intensité déployée et à la machine à contre qui leur sert de pivot, les Rockets ont une des meilleures défenses de la ligue.

CAP SUR LES PLAYOFFS POUR HOUSTON

Les Rockets arrivent donc au premier tour des playoffs contre les Portland Trail Blazers. L'équipage du navire Texans va facilement franchir la première étape, poussé par un Hakeem Olajuwon incroyable. Auteur, notamment, d’un match à 46 points. Houston a tout de même subi un léger contre-temps avec cette défaite au Game 3. Mais si la croisière à Portland fut plutôt tranquille, la traversée de Phoenix au deuxième tour sera beaucoup plus tumultueuse.

Les Suns gagnent les deux premières rencontres grâce à un duo Charles Barkley-Kevin Johnson en feu et deux gestions de fin de match désastreuses de Houston. Le surnom de « Choke City », qui est aujourd'hui la propriété de nos amis les Clippers, a même été attribué à la ville texane. Les fusées font vite taire les moqueries en remportant les trois matchs suivants avec un Vernon Maxwell énervé scorant 34 pions au Game 3. Cependant, Phoenix veut donner du spectacle aux fans et prolonge la série pour un septième match décisif. Mais le suspense a assez duré et Olajuwon envoie les Suns en vacances en cumulant 37 points, 17 rebonds et 3 contres.

 

NOËL ARRIVE TÔT POUR OLAJUWON

À l'époque, les playoffs étaient aussi le moment de décerner les trophées individuels et cette année-là « The Dream » touche le jackpot. Il est élu défenseur de l'année grâce à sa très bonne protection de cercle et les grosses performances défensives de son équipe. Ses statistiques folles (27,3 points, 11,9 rebonds et 3,7 contres) lui permettent aussi de remporter le titre de MVP. Hakeem devient donc le deuxième joueur à glaner ces deux trophées la même année après Michael Jordan en 1988. Un certain Grec a récemment rejoint ce cercle très fermé.

Le périple reprend donc son cours et après la dangereuse tempête provoquée par les Suns, le soleil revient et le navire est toujours à flot. Aucune intempérie n'est en vue et l'équipage du bateau, pas très fan de musique, programme une nouvelle activité : taper des jazzmen. Vous l’aurez compris, c'est le Utah Jazz qui passe à la casserole et Houston n'a pas le temps de respecter la cuisson. La série est bouclée en 5 matchs.

 

HAKEEM FAIT DANSER LE MADISON AUX KNICKS

Le titre de champion de la conférence Ouest est in the pocket mais les Rockets en visent un autre bien plus prestigieux. Il va falloir aller le chercher contre les redoutables New York Knicks. En haut de l'affiche de cette série : un duel Olajuwon-Ewing. Les hostilités sont lancées dans le Texas et une grosse intensité physique en défense s'installe des deux côtés. À ce petit jeu, ce sont les hommes de Tomjanovich qui l’emportent : 85 à 78. Dans le deuxième match, les Knicks mènent en début de rencontre grâce à un allumage de pétards de la ligne des trois points. Malgré un bon retour des Texans, les New-yorkais restent solides pour s'imposer par 8 points d'écart. Le Game 3 va nous offrir une fin de match serrée. Heureusement, à un peu plus de 30 secondes de la fin, le rookie Sam Cassel débloque la situation d’un tir primé puis achève les Knicks à coup de lancers-francs. Les Rockets mènent 2-1 dans la série et ont réussi à reprendre leur avantage du terrain. Mais les deux derniers matchs au Madison Square Garden vont tourner au cauchemar pour les Texans. Une attaque défaillante et deux défaites, H-Town se retrouve dans l'obligation de remporter les deux prochaines rencontres.

 

Retour sur un terrain familier pour Houston. Un parquet qui semble très bien convenir à John Starks. L'arrière de New York fait mal au backcourt des Rockets, scorant 27 points et délivrant 8 assists. En fin de rencontre, les deux équipes sont au coude-à-coude. Houston mène de 2 points. Starks a le ballon du titre entre les mains. Il shoote… mais se fait contrer par Olajuwon. Le buzzer retentit. Ce sauvetage miraculeux donne rendez-vous à tout le monde pour un Game 7 au Summit, l'antre des Rockets. Aucune erreur n'est permise et ça, Houston l'a bien compris. Les fusées débutent bien et contrôlent le match d'une main de maître. Les Houston Rockets décrochent la victoire et par conséquent, leur premier titre de champion NBA. Hakeem Olajuwon est logiquement élu MVP des finales et devient le seul joueur de l'histoire à combiner DPOY, MVP et MVP des finales la même année.

Le navire de Houston est enfin arrivé à destination. De Portland à New York le trajet aura été bien sinueux. Le bateau était même à deux doigts de couler mais c'est aussi le bout des doigts d'Olajuwon qui a permis de redresser la barre afin atteindre l'objectif ultime de tout marin accompli : le trophée Larry O'Brien.