par Ewen FOLLIOT

Wilt Chamberlain, Bill Russell, Kareem Abdul-Jabbar, Michael Jordan, LeBron JamesAutant de noms qui dégringolent lorsqu’on consulte des listes de records, de statistiques et autres faits marquants dans l’histoire de la NBA. On oublie souvent de le mentionner, lui. Pourtant, Bob Pettit est de ces hommes qui ont innové, dominé et imposé une marque indélébile sur l’histoire du sport à la balle orange. Il est l’homme sans qui le poste d’ailier-fort n’existerait peut-être pas. Il est l’homme qui, le premier, a brandi le titre de MVP de saison régulière en NBA et il est bien plus encore…
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Premier de la classe

Premier”. S’il ne fallait choisir qu’un mot pour décrire la carrière de Bob Pettit, ce serait sans aucun doute celui-là. Cette définition s’applique d’ailleurs dès les balbutiements de celle-ci, à la « Baton Rouge Magnet High School » plus précisément. Pettit offre à son lycée, grâce à des performances déjà phénoménales, le titre de Champion de l’État de Louisiane en 1950, le premier glané par l’école depuis plus de vingt ans. Approché par pas moins de quatorze universités, il choisit de rester dans son état natal pour continuer son cursus, et intègre l’Université d’État de Louisiane. Il y passe trois ans, de 1951 à 1954. Dès sa première saison au sein des Tigers de LSU, l’équipe de basketball locale, Pettit affiche 25,6 pts de moyenne par match (troisième meilleur marqueur toutes universités américaines confondues). La saison suivante il porte les Tigers vers un titre de champion de conférence, le premier depuis 1935. Cette saison marque également la première participation de l’équipe au Final Four de la NCAA. Bob Pettit et ses camarades réitèrent l’exploit en 1954, grâce notamment aux performances extraordinaires de l’intérieur : 31,4 pts et 17,3 rebonds de moyenne. Cette saison-là, Pettit se paie même le luxe d’être le premier joueur à marquer 60 pts en un seul match dans la Conférence Sud-Est.

Bob Pettit arborant le maillot des LSU Tigers

Il quitte l’université en 1954 et devient le premier joueur des Tigers à avoir son maillot retiré dans l’équipe.

 

Dans la cour des grands

On pourrait croire que toutes les bonnes choses ont une fin et qu’il ne revient pas toujours à Bob Pettit d’être le premier partout. Cela a failli être la cas, en ce soir d’avril 1954 au cours duquel le joueur n’est sélectionné “qu’en” seconde position de la draft NBA, par les Hawks alors basés à Milwaukee. Ce serait cependant mal connaître Bob Pettit que de penser que cela l’arrêterait dans sa quête de domination. Dès sa première saison, il score 20 pts de moyenne et gobe près de 14 rebonds par match. De belles statistiques qui lui valent d’être élu Rookie de l’Année. La saison suivante, les Hawks déménagent pour s’installer à St-Louis en Géorgie. Comme pour marquer l’évènement, Pettit réalise une saison 1955-1956 tout simplement historique avec près de 26 pts et 16 rebonds de moyenne par match. Des performances impressionnantes qui lui permettent de décrocher un trophée tout juste créé par les instances de la NBA. Une récompense annuelle pour celui qui est considéré comme le meilleur joueur de la ligue. Son nom tient en trois lettres et fait rêver tous les basketteurs de la planète : MVP. Bob Pettit inscrit le premier son nom dans une liste de détenteurs du trophée vouée à devenir légendaire. Vous l’aurez compris, l’intérieur des Hawks aime faire dans l’innovation. Cela ne s’applique pas qu’à son palmarès, d’ailleurs. Sur le parquet, Bob Pettit ne joue pas exactement comme les autres athlètes au même poste. Il est plus vif et plus technique, mais ce qui étonne par-dessus tout, c’est son adresse. Capable de s’écarter du panier plus que n’importe quel autre intérieur dans la ligue, Pettit se crée des espaces pour tirer à distance, attire les grands défenseurs au large du cercle et profite de toutes les occasions dont il dispose pour les déborder en dribble ou servir ses coéquipiers, qui ont alors le champ libre. Il n’est définitivement pas un intérieur comme les autres. Il incarne quelque-chose de nouveau. Il devient le prototype de ceux qu’on appellera par la suite des ailiers-forts.

Vaincre l’invincible

Bob Pettit n’a jamais arboré d’autre maillot que celui des Hawks en NBA, pourtant il y a une seconde équipe que l’on ne peut omettre lorsqu’on parle de la carrière du monsieur : les Boston Celtics. Nous sommes le 13 avril 1957. Bob Pettit, lors de sa saison sophomore, a emmené son équipe loin. Très loin. Ce soir, les St-Louis Hawks disputent un match 7 qui promet d’être explosif lors des finales face aux Boston Celtics. Les deux franchises sont désireuses de brandir pour la première fois de leur histoire le trophée de champion NBA. Une seule d’entre elles pourra réaliser son rêve à la fin du match. Il reste quelques secondes à jouer dans le temps réglementaire, les Hawks sont menés de deux petits points face aux Celtics d’un tout jeune mais déjà exceptionnel Bill Russell. Bob Pettit offre un sursis à son équipe en marquant le panier de l’égalisation. 103 partout, et prolongations. Il faudra deux périodes supplémentaires pour départager les deux formations. Au terme de cette rencontre acharnée, ce sont les joueurs de Boston qui s’imposent sur une très faible marge : 125-123. Ce que personne ne sait alors, c’est que ce titre est le premier d’une série historique de 11 sacres en 12 saisons pour les Celtics. Un record invraisemblable, qui vaudra à l’équipe la réputation tout-à-fait justifiée de formation invincible à cette époque.

Bob Pettit défend sur Tommy Heinsohn

Seulement voilà, 11 titres en 12 saisons, cela implique tout de même une défaite. Celle-ci est subie sur l’exercice 1957-1958. Bob Pettit, fort d’une nouvelle saison exemplaire à 24 pts et 17 rebonds de moyenne, hisse les Hawks vers une nouvelle participation en finales. De son côté, Bill Russell fait de même et remporte à l’occasion son premier trophée de MVP. La revanche a lieu, et cette fois-ci, Pettit est déterminé à vaincre Boston. Avant d’aborder le match 6 de la série, St-Louis mène 3 victoires à 2. Un succès leur assurerait donc le titre. Bob Pettit ne laisse pas passer sa chance et score 50 points (un record en Playoff à l’époque) dans ce match décisif que les Hawks remportent sur la plus petite des marges : 110-109. Il offre alors à la franchise le premier titre de son histoire, face à une formation qui a dominé comme aucune autre. En 1959, Pettit glane une seconde fois le trophée de MVP pour sa saison à 29 pts et 16 rebonds de moyenne, mais les Hawks échouent au second tour des playoffs face à des Celtics en quête d’un deuxième titre. Les deux formations s’affrontent à nouveau en finales NBA en 1960 puis en 1961, mais la franchise Géorgienne ne parvient pas à stopper le rouleau compresseur vert alors bien lancé. Au fil des années, Bob Pettit enchaîne les double-double et les grandes performances. Il participe au All-Star Game à chacune de ses 11 saisons en NBA et compte à son actif 4 nominations en tant que MVP de l’exercice, record qu’il co-détient avec un certain Kobe Bryant. Bob Pettit prend finalement sa retraite à l’issue de la saison 1964-1965, qu’il termine dans ses standards statistiques habituels : 22 pts et 12 rebonds de moyenne. Il reste dans l’histoire comme l’un des tous meilleurs joueurs à avoir porté le maillot des Hawks. Son numéro 50 est évidemment retiré dans la franchise Géorgienne. Il reste également comme le premier, et également l’un des tous meilleurs ailier-forts à avoir jamais foulé les parquets de la Grande Ligue. Il fait partie de ces légendes qui ont marqué des générations, et l’influence de son jeu pèse encore aujourd’hui sur les matchs NBA.